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SOINS DU CHEVAL

Questions et idées reçues sur la physiothérapie équine avec Charlotte Firidolfi

écrit par Morgane AFTERMANN le

La physiothérapie équine est aujourd’hui une pratique encore méconnue du grand public. Pourtant, elle offre de nombreux bienfaits dans le cadre de la rééducation et du suivi sportif d’un équidé. Alors que se cache-t-il derrière cette appellation ? Pour vous éclairer, nous avons interrogé Charlotte Firidolfi, diplômée d’un D.E. de kinésiologie et physiothérapie équine, vétérinaire équin au cabinet du Fléchet à Avrillé et cheffe de centre de reproduction des espèces équine et asine.

La physiothérapie équine est aujourd’hui une pratique encore méconnue du grand public. Pourtant, elle offre de nombreux bienfaits dans le cadre de la rééducation et du suivi sportif d’un équidé. 

Alors que se cache-t-il derrière cette appellation ? Pour vous éclairer, nous avons interrogé Charlotte Firidolfi, diplômée d’un D.E. de kinésiologie et physiothérapie équine, vétérinaire équin au cabinet du Fléchet à Avrillé et cheffe de centre de reproduction des espèces équine et asine.

Find Your Horse : Qu'est-ce que la physiothérapie ?

Charlotte Firidolfi : Le terme physiothérapie est une adaptation du terme anglo-saxon « physiotherapy ». Il s’agit en réalité de kinésithérapie, ou thérapie par le mouvement, et regroupe l’ensemble des techniques manuelles et physiques utilisées dans le traitement des affections locomotrices.

FYH : Quels sont les actes réalisés ?

C.F : La kinésithérapie regroupe plusieurs techniques. Tout d’abord, la prise en charge de la ferrure en collaboration avec le maréchal. N’importe quel sportif ou coureur à pied vous le dira, la chaussure fait beaucoup, en rééducation et prévention des récidives ! Ce travail ne peut, à mon sens, être fait qu’en collaboration étroite avec un professionnel du pied du cheval : certaines recommandations de ferrure, adaptées à la lésion, ne peuvent être tolérées par le cheval pour cause de qualité de pied ou de corne !

Elle passe aussi par la mise en œuvre, en collaboration avec le cavalier ou l’entraîneur, de protocole de rééducation et rythmes de travail. Et là aussi, échanges et discussions sont gage de réussite. Prendre en compte le caractère du cheval, les besoins du cavalier, la qualité des sols à disposition… La seule option pour un traitement réussi !

Et enfin, elle consiste en la mise en œuvre de pratiques manuelles (étirements par exemple), et instrumentales qui permettent d’accélérer et améliorer la cicatrisation des lésions, de gérer la douleur, et d’activer des cascades anti-inflammatoires endogènes. Bref, c’est une discipline de collaboration et de prise en charge globale ! Par exemple, on ne rééduque pas systématiquement un cheval qui a des douleurs de dos par une position « tête en extension vers le bas », ou un cheval qui a une tendinite par du repos !

FYH : Quelles thérapies physiques existent aujourd’hui ?

C.F : Beaucoup de techniques existent, certaines pour lesquelles les preuves et le recul permettent leur usage de façon étendue, par exemple :   

  • Les ondes de choc : envoi d’ondes de choc vers une zone à traiter, avec un grand intérêt dans le traitement des lésions ligamentaires et tendineuses, particulièrement à leur insertion sur l’os, sur les déviations angulaires des poulains, et les douleurs chroniques ;
  • Le laser : suffisamment puissant, soit de classe IV, il envoie de l’énergie sous forme de longueur d’ondes afin d’activer des cascades anti-inflammatoires endogènes, dans ma pratique très efficace sur les douleurs du rachis (cervicales, dos, disque lombo-sacré, sacro-iliaques) notamment ;
  • La cryothérapie : l’usage du froid, suffisamment froid et suffisamment longtemps a un rôle anti-inflammatoire prépondérant dans les phases aigues des lésions. Application, durée et protocoles sont très décrits et codifiés ;
  • Les vibrations : en application locale, elles ont un rôle intéressant sur les douleurs musculaires, et lors de l’utilisation de plaques vibrantes, elles participent à la rééducation des lésions avec déficit proprioceptif notamment.

FYH : Est-ce dopant ?

C.F : Ces techniques ne sont pas dopantes dans le sens ou leur usage n’est pas dépisté dans le sang. Cependant, leur usage en compétition est interdit, pour les ondes de choc et le laser classe IV notamment. Et c’est quasiment un gage d’efficacité de ces traitements sur le confort et la performance des chevaux !

Séance de laser réalisée par Charlotte

FYH : Quand utiliser ces techniques ?

C.F : Elles peuvent être mises en œuvre dans le cadre d’une rééducation : lésion tendineuse, ligamentaire, après une chirurgie… Il ne viendrait jamais à l’idée d’un sportif de reprendre sans être passé chez le kiné ! Elles sont aussi très pertinentes dans le cadre d’un suivi sportif, avant que les douleurs et lésions aient des conséquences locomotrices et sportives : c’est dans cet usage qu’elles sont très utilisées chez les sportifs de haut niveau notamment. En bref, en cas de suivi en début ou fin de saison, en cas de difficultés au travail, ou en cas de boiterie.

FYH : Et quand ne pas les utiliser ? Certains actes peuvent-ils être contre-indiqués ?

C.F : Comme un traitement « classique », chaque traitement a ses indications et contre-indications. Le plus parlant, je trouve, est celui des affections synoviales (molettes), pour lesquelles la marche dans l’eau est contre-indiquée, alors qu’intuitivement, on aurait pensé le contraire. Par ailleurs, certains traitements locaux (infiltrations, crèmes…) contre-indiquent certaines thérapies.

FYH : Qui peut réaliser des actes de physiothérapie ?

C.F : Aujourd’hui, seuls les vétérinaires peuvent en France réaliser ces actes, à but thérapeutique : diagnostiquer et traiter des lésions identifiées. Les massages, enveloppements qui relèvent uniquement du « bien-être » et non de la thérapeutique ne sont pas, eux, à priori réservés aux vétérinaires diplômés. Sans négliger ou diminuer l’impact de ces pratiques relaxantes sur le bien-être des chevaux, il est clair que seul un bon diagnostic permet un traitement kinésithérapique adapté, sous peine d’y avoir été convenablement formé. Je ne peux donc que vous recommander dans le cadre d’optimisation sportive, de lésion ou de dissymétrie, de faire appel à un vétérinaire spécifiquement diplômé en physiothérapie.

Crédit photo : Clinique du Fléchet